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Bienvenue dans la saga des Royaumes du Comra


Chapitre 2: Bienvenu à Lakdah

Publié par Alias sur 24 Décembre 2013, 00:56am

Bienvenu à Lakdah, village isolé au sud du royaume du Rahasa-Brûlant, perdu entre l'immensité de l'océan et les majestueuses dunes du fière Rahasa. Un contraste fabuleux, au même titre que le soleil et la lune, la terre et le ciel, le jour et la nuit. Cela fait un moment que je vous parle de l’empire du Comra et vous ne savez toujours pas qui je suis. Moi, je suis votre conteur, mon identité, homme ou femme, humain ou créature, enfant ou adulte, gentil ou méchant, peu importe, vous la connaîtrez le moment venu. De là où je suis, je peux côtoyer la conscience de n’importe qui, la petite voix au fond des gens qui leur dit quoi faire et qui sait tout. Ainsi, imaginez-moi comme votre guide, je vous dévoilerais toutes les pensées des comranis, leurs désirs, leurs craintes, mais aussi leurs histoires, je vous montrerais tout. Ma tâche n'est pas une mince affaire car dans les royaumes du Comra, les mensonges fusaient, les fourbes proliféraient et la mal se répandait comme une épidémie de peste depuis l'arrivée pas très honorable du nouveau roi, ou devrais-je dire du tyran, El Ben-Jenoun. Notre histoire commence aux portes de la nuit. Alors que le soleil couchant colorait les dunes du Rahasa d'un voile d'or, les apprentis dragonniers s'exerçaient dans la lagune de Lakdah à un art martial ancestral. Le madarba comrani fut créé par un ancien maître dragonnier qui s'inspira des animaux pour concevoir des enchaînements d'attaques. Chaque technique nécessitait des capacités physiques particulières. Ainsi, quelqu'un de patient et d'endurant aurait tout intérêt à exercer la technique du dromadaire, tandis que quelqu'un de rapide apprendrait la redoutable technique du serpent. Revenons à la lagune de Lakdah où le sable blanc et fin subissait l'entraînement des apprentis dragonniers. Sous le regard des flamands roses, goélands, cormorans et autres oiseaux migrateurs, les jeunes garçons apprenaient à sa battre. Aziz Redouani avait les cheveux noirs crépus et très bouclés, des yeux de lynx d’un marron profond et un physique tout à fait normal à l’exception de ce petit ventre qu’il rentrait chaque fois qu’une fille de son goût le regardait. Comme tous les futurs dragonniers de son âge, il obéissait au doigt et surtout à l'œil, de ses tuteurs, il était généreux et respectait ses camarades, il connaissait bien les valeurs de ses ancêtres et surtout, il devint orphelin très jeune. Souple et très agile, le respecté maître Sebbar décida de lui apprendre la technique du chat. Ce soir-là, le jeune Aziz s'entraînait avec son camarade Mourad sous le regard perçant de maître Sebbar :

– Mourad, concentre-toi, ce n'est pas un coup de poing digne de la technique du chien ! critiqua sèchement maître Sebbar. Recommencez tous les deux !

– Tu es prêt Aziz ? me demanda Mourad en se préparant.

– Oui que le combat commence, répondis-je en levant une jambe et les poings en avant.

– Attaquez ! lança maître Sebbar.

Je restai sur place tandis que Mourad arriva droit sur moi en courant avant de m'attaquer. Je réussis à bloquer trois de ses enchaînements lorsque soudain, sans que je le voie venir, je reçus un coup de coude à la tête qui me fit tomber par terre. A peine le temps d'ouvrir les yeux que je vis sa jambe descendre vers mon ventre. Je me relevai d’un bond puis, dans une frénésie interminable, nous enchaînâmes les coups sans relâche. Par chance il baissa une fois de plus sa garde et d'un coup pied, je le mis à terre.

– Très bien les garçons, voilà qui est beaucoup mieux. Mourad, tu dois améliorer ta garde quant à toi Aziz, met plus de force et de dynamisme dans tes coups. C'est terminé pour aujourd'hui, reposez-vous un peu nous retournons à l'auberge dans quelques instants. Tous les apprentis étaient couchés à terre, incapable de se relever tant l'entrainement fût intense. Je regardai, allongé sur le sable, un vent léger me soufflant au visage, un ciel étoilé extraordinaire. Il devait bien y avoir des milliers d’étoiles et elles éclairaient le monde de leur lumière blanche et étincelante. Le calme régnait sur la lagune et seul le bruit du vent traversant le désert, accompagné du rythme des vagues, se faisait entendre. Le bleu s'était abattu sur la région et la lune d'un blanc immaculé dansait sur l'eau de la baie. Au moment de partir, maître Sebbar nous confia d'un air très sérieux :

– Voilà maintenant quinze longues années que vous avez été recueillis à Lakdah, quinze longues années que je vous ai transmis tout mon savoir sur le madarba comrani, il est grand temps que vous mettiez en œuvre tout ce que je vous ai appris. Demain, après l'éclipse, vous quitterez tous l'auberge. Aux lueurs de l'aube le responsable de l'auberge orpheline du village vous expliquera une dernière fois comment va se dérouler notre projet, soyez donc prêt pour son discours et surtout n'arrivez pas en retard, votre vie en dépendra. A présent retournons au village, une longue route nous attend.

Les apprentis, abattus sur le sol se levèrent et n'en crurent pas leurs oreilles. La nouvelle eue l'effet du souffle de l’explosion d’un dragon Tfalguerre. Sur le chemin du retour, le grand départ était le principal sujet de conversation.

– Vous vous rendez compte les amis, nous allons quitter Lakdah ! s'enthousiasma Ephasten, un grand ami de la race des elfes aux yeux bleus et à la chevelure brune parfaite.

Ephasten Spemmbot était sans aucun doute mon meilleur ami. De nature calme et généreuse cet elfe, dont l’intelligence faisait sa réputation, savait se sortir des pires situations dans un calme et une sérénité qui me déconcertait. Depuis tout petit, nous passions notre temps à rire et apprendre ensemble. Un brin moqueur, l’elfe aux longs cheveux bruns aimait taquiner ses amis sans jamais basculer dans la méchanceté, enfin presque.

– Depuis le temps qu'on attendait, ajouta Sigonay, l’elfe le plus grand de l’auberge.

Sigonay Esgoney était aux antipodes d’Ephasten. Cet imposant elfe passait son temps à enchaîner les bêtises sans pour autant se faire remarquer. Pour Sigonay, moins les choses était permises et plus il les faisait. C’était un garçon fougueux et totalement libre. Mais le jeune fou n’était pas stupide, car il savait très bien que les soldats et magiciennes de Ben-Jenoun pouvaient lui ôter la vie comme on écraserait un insecte. Au fond Sigonay était comme nous tous, il vivait sa vie, sauf que lui, il osait le faire chaque jour.

– Nous allons enfin savoir ! m'extasiai-je.

– Tu parles des dragons je suppose ? demanda Mourad au sang purement comrani.

Mourad Ezloufi était un jeune comrani frêle et assez grand, très respectable et au rire communicatif. Son humour ne volait pas très haut mais le garçon était agréable à vivre et notre amitié loyale.

– Quinze longues années à attendre et pourtant cette nuit va paraître encore plus longue.

Demain nous aurons chacun un dragon, rétorqua Ganesh, l'elfe noir le plus agité du village !

Ganesh Maredjin était un elfe noir trapu aux longs cheveux noirs. Il passait son temps à s’occuper des autres, à rire et à titiller ses camarades. Ganesh était l’ami de tout le monde et tout le monde l’aimait bien.

– Un dragon ! Je n'arrive pas à y croire, nous allons avoir un dragon ! m'impatientai-je.

– Vous devrez traiter votre créature avec respect et bien utiliser tout ce que vous avez appris à l'auberge, nous conseilla maître Sebbar.

La kasbah apparaissait aux confins de la nuit, entourée par le tortueux Rahasa, bien loin de la lagune. La kasbah de Lakdah était tout à fait banal. Un mur fortifié très épais entourait la citadelle. Les maisonnettes avaient cette forme typique allongée et étaient ornées de motifs traditionnels sculptés par des artisans. La kasbah était entièrement construite en pisé, mélange de terre, de sable et de paille qui lui donnait cette couleur ocre et elle reposait sur des fondations de pierres très solides. Quant aux toits, ils étaient formés de feuilles de palmiers tissés selon une méthode ancienne et cueillis dans l'oasis ed-dahab. Quatre tours de garde, disposées aux quatre coins de la kasbah se dressaient fièrement vers le ciel. La maisonnette la plus grande, la plus haute et la plus décorée abritait le caïd de Lakdah, représentant du tyran directement nommé par El Ben-Jenoun lui-même, autrement dit un manipulateur sans scrupule avec qui il ne valait mieux pas avoir d'ennuis. La citadelle se confondait avec le désert. Tout près du village, la petite oasis verdoyante ed-dahab apportait une partie de l'eau nécessaire pour le village, l'autre partie provenant du grand puits à l'intérieur de la kasbah. Arrivés à l'oasis, maître Sebbar nous demanda de nous rincer dans l'eau tiède. A force de nous battre sur le sable, nous en étions couverts de la tête aux pieds. Nous déposâmes nos vêtements préalablement lavés sur le tronc d'un grand palmier penché, avant de retirer tout le sable que nous avions accumulé en nous passant de l'eau sur le corps le temps que nos vêtements sèchent. Il faut dire qu'à Lakdah, les nuits étaient assez chaudes. Arrivés devant la porte du village, les gardes de la dragonnerie royale ne laissaient entrer que les habitants du village sous peine de représailles mortelles, et n'essayez pas non plus de sortir si vous n'aviez rien à faire à l'extérieur, vous risquiez de ne plus jamais revenir. L'hostilité régnait sur Lakdah comme dans tous les royaumes du Comra d'ailleurs. Les deux gardes postés devant la grande porte du village étaient armés de lances et d'épées. Leurs dragons, décorés de leur armure épineuse noire, avaient toujours cet air méprisant et ils ne pouvaient s'empêcher de montrer les crocs et de cracher quelques flammes pour nous impressionner. Ils appartenaient à la race des Jen-Khels, des dragons noirs assez grands, très rapides dont la spécialité résidait dans les boules de feu tourbillonnantes. Leurs boules de feu étaient comme possédées, elles n'avaient pas une direction rectiligne bien au contraire, elles effectuaient des virages vertigineux et n'explosaient qu'au contact de leur ennemi, autant dire qu'il ne valait mieux pas avoir affaire avec ce genre de bête. Notre groupe comptait une quarantaine d'apprentis. Maître Sebbar marchant en avant, nous le suivions sous le regard menaçant des gardes dont les dragons rugissaient de plus en plus fort. Nous traversâmes la porte d'entrée en arc outrepassé avant d'arriver sur la plus grande rue de la kasbah. De part et d'autre de celle-ci se trouvaient des maisons assez espacées les unes des autres, de tout au plus deux voire trois étages et dont les murs étaient taillés de motifs raffinés. Les ruelles sombres et étroites s'entrecroisaient et formaient un labyrinthe où il était très facile de se perdre. Plus d'une centaine de bâtisses composaient le village de Lakdah, qui de l'intérieur paraissait bien plus grand. Au milieu de cette longue rue se trouvait une grande place qui accueillait le souk en pleine journée. L'auberge orpheline de Lakdah était placée à proximité de la maison du caïd, vers le quartier sud de la kasbah.

– C'est la dernière fois que nous voyons notre village dans cette obscurité, constatai-je.

– Ce calme est si reposant, cette fraicheur nocturne à la brise légère qui vous caresse le visage, ce ciel sans nuage, illuminé par les milliers d'étoiles et la lune, vagabonde, traverse le ciel et dépose sur la terre grâce à sa lumière blanche, un merveilleux voile bleu. Il n'y a rien à dire, c'est la nuit que tout est mieux, ajouta Enosmic un ami de la race des elfes.

Enosmic Ene était un elfe sympathique très sociable mais qui savait se faire respecter de tous. Assez grand, l’elfe aux cheveux châtain clair et aux yeux bruns était un bon élément de notre groupe.

– La nuit, moi je dors, c'est vrai que tout est mieux la nuit ! s'exclama Sigonay.

– N'empêche que tout cela va bien me manquer, nous n'étions pas si mal ici après tout, regardez comme la ville est belle. Et puis, il y a la lagune aussi avec tous ses animaux, leur dis-je tout en nous dirigeant vers l'auberge.

– Nous reviendrons les amis, quand tout sera fini, termina Mourad.

Nous arrivâmes enfin à l'auberge orpheline, c'était sans doute, après la maison du caïd, l'un des bâtiments les plus grands de Lakdah et pour cause, il devait accueillir une bonne centaine d'orphelins. L'auberge orpheline de Lakdah était haute de deux étages, longue d'au moins trente mètres et avait une grande porte en arc brisé. Quant aux fenêtres, elles étaient toutes en forme d'arc polylobé. Le bâtiment avait une forme cubique avec une cour centrale d'où partait un imposant palmier. Nous entrâmes dans l'auberge en silence et chacun se dirigea directement dans sa chambre. Chaque chambre accueillait quatre apprentis, deux humains, et deux elfes. Avec Mourad, Sigonay et Ephasten, nous regagnâmes la nôtre en empruntant l'étroit escalier de bois près de l'entrée. Comme il faisait très chaud dans les royaumes du sud, les fenêtres étaient constamment ouvertes dans tous les bâtiments du village. Nous dormions par terre, sur des d’épais tapis individuels conçu en peau et poils de dromadaire. Ils étaient très doux quoiqu’un peu chaud. Tel était le confort dans lequel nous vivions. Je me sentais bien dans cette chambre et pour cause, je n’en n’avais jamais connu d’autre.

– Nous allons enfin connaître la race de nos dragons, nous dit Ephasten en s'allongeant sur son tapis.

– Je n'en peux plus d'attendre, je suis trop excité pour dormir, avouai-je.

– Plus vite vous dormirez et moins vous attendrez. Sigonay, lui, dors déjà, il ne nous a pas attendu.

– Tu as raison Mourad, je vais m'empresser de dormir et puis on sera moins fatigué.

Nous plongeâmes sous nos draps et commençâmes notre voyage au royaume des rêves, puis sans pouvoir attendre, je décidai de leur poser une dernière question.

– Les garçons ...

– ... la ferme ! s'exclamèrent-ils tous en chœur.

– Bon ce n’est pas grave, je vous demanderai demain ! Bonne nuit.

L'envie de dormir ne me venait pas et cela m'énervait de plus en plus quand je voyais avec quelle rapidité mes amis y arrivaient. Ne parlons même pas de Sigonay qui était dans un coma profond et dont les ronflements commençaient à se faire entendre. Je me retournais encore et encore, changeais de position très souvent, enlevais et remettais mon drap, je n'arrivais vraiment pas à dormir. Je ne pouvais m'empêcher de penser à mon dragon, quelle allait être son espèce, sa couleur etc. Mourad, quant à lui, poussait des gémissements et parfois lançait quelques mots insignifiants, tandis qu'Ephasten dégustait visiblement de délicieux plats dans ses rêves gastronomiques, en faisant cet insupportable bruit avec sa bouche. Alors que je pensais à tout ça, sans que je m'y attende, mes paupières devinrent de plus en plus lourdes et mes yeux se fermèrent tout doucement ; c'est alors qu'à mon tour je me mis à faire un rêve aussi étrange qu'angoissant. Il faisait nuit, de sombres nuages flottaient dans le ciel libérant quelques éclairs avant de se dissiper rapidement comme la fumée d'une bougie que l'on viendrait d'éteindre. Je m'approchai d'un ciel noir très étoilé et cette musique (Lullaby - The Cure), étrange et envoûtante, retentissait sur le monde. Et puis soudain, je me trouvais dans l'espace. Le soleil jaune orangé éclairait l'univers de sa splendide lumière, tandis que les planètes, dans leur valse effrénée, tournaient tout autour au rythme de cette musique, tantôt d'une extrême rapidité et tantôt d'une lenteur affligeante. La danse des astres semblait ne jamais s'arrêter jusqu'à ce que, tous alignés, l'espace se figea et je m'approchai vertigineusement de ce qui semblait être la Terre. La descente fût si rapide que j'en ressentais de véritables haut-le-cœur. Ma descente s'arrêta dans l'immense salon d'un somptueux palais blanc finement décoré. Un système solaire y était modélisé et les mouvements circulaires des planètes reprenaient de plus belle. L’angoissante musique continuait de me bercer, tandis que les billes de métal qui représentaient les différents astres continuaient de tourner au rythme de la mélodie rapidement, puis lentement, formant ainsi un cycle infini. Soudain, sans savoir comment, sans me poser de question, j'avais changé d'endroit. Je me retrouvai le long d'un grand couloir où de superbes tapis aux motifs traditionnels comranis décoraient le sol. La luminosité dans ce couloir me jouait de vilains tours. La lumière du jour resplendissait à travers les vitraux du palais et en un clignement d'yeux, il faisait nuit. Les murs étaient sculptés de créatures effrayantes et bizarres. A chaque alternance du jour et de la nuit, les créatures sculptées dans le mur changeaient. Il y avait d'abord un groupe de quatre dragons Jen-Khels qui posaient noblement avec leurs armures devant une superbe médina près de leurs dragonniers, le jour d'après il y avait plusieurs magnifiques sirènes allongées sur un rocher sur lequel venaient se fracasser les vagues de l'océan, puis vinrent deux superbes chats ténébreux au regard très mystérieux dont les longs poils flottaient vers l’ouest sous l’effet du vent, le jour d’après trois dragons gigantesques, crachant un feu et une fumée noire très dense, étaient appuyés sur trois grandes tours d'un château colossal ; la créature suivante était un dragon, les ailes grandes ouvertes vers le ciel, près d’un pommier d’un vaste verger. Le bal des créatures continua avec tout un tas de créatures dont un superbe lion et un fabuleux cèdre et se termina avec un dragon terrifiant, si grand et si puissant que tout ce qui était autour de lui était stérile et sans vie. Je marchais doucement en frôlant de ma main le mur du couloir, lorsque soudain, en la regardant, je touchais non plus le mur du palais mais un grand cèdre. J'étais arrivé dans une forêt sans fin où les arbres marchaient péniblement toujours au rythme de la mélodie envoutante où des voix, ou plutôt des chuchotements, semblaient chanter quelque chose. Je survolais la forêt où tous les arbres avançaient lentement dans la nuit éclairée par la blanche lune. Seul, au milieu des arbres, des ombres erraient tout autour de moi, et avançaient trop vite pour que je puisse les distinguer. Des animaux inquiétants m'observaient de leurs yeux étincelants du haut des branches. Un arbre était différent des autres. Il était majestueux, grand et très ébouriffé. Il se tenait là, devant moi, tandis que les ombres continuaient d'aller et venir, au milieu des autres arbres ; lorsque tout d'un coup, nous n'étions plus que lui et moi, sur une île me rappelant fortement la lagune de Lakdah. Étrange ! Deux grands dragons étaient là, ils avaient l'air de s'envouter l'un l'autre en suivant l'air de la chanson. Ils déployaient leurs immenses ailes pour se charmer avant d'entrelacer leurs larges cous. Leurs longues queues se rejoignaient haut dans le ciel formant un cœur comme le font si bien deux libellules. Et puis plus rien, si ce n'est … un œuf, déposé sur un petit tas de sable blanc, au milieu de la nuit. Projeté à l'intérieur de celui-ci, je voyais dans un liquide jaunâtre à la chaleur reposante, un bébé dragon en pleine formation. Son petit corps s'allongeait lentement, il était recroquevillé dans l'œuf, sa queue courbée vers sa gueule. De toutes petites ailes se formaient sur son dos écailleux et dans une chaleur plus intense, je pouvais voir à travers l’être translucide, un cœur rose commencer à battre, en rythme avec les percussions de la musique. Tout son corps bougeait à mesure que le cœur battait. L'œuf se mit à scintiller avant de s'illuminer au passage des violons et dans une symphonie finale le petit dragon sortit de sa coquille en poussant des rugissements, alors que dans le ciel, le soleil brillait de nouveau.

On dit que les rêves ont une signification, pour certains ce sont des messages envoyés de l’au-delà, pour d’autres même, ils prédisent l'avenir. Au fond, que savons-nous exactement ? N'est-ce pas une manière de nous offrir ce que nous ne pouvons avoir, comme le couscous au poulet du rêve d'Ephasten, où est-ce juste nos envies enfouies qui ressortent dans un moment d'inconscience. Aziz Redouani ne le sait pas encore mais son rêve va le sortir de bien des situations délicates et dans les royaumes du Comra, là où les cauchemars se réalisent, rêver donne un peu d'espoir. Bienvenu au village de Lakdah, le village où tout va commencer.

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